Se reconstruire et reprendre confiance en soi, petit à petit. Tel est l’objectif du dispositif Un temps pour soi qui permet à des femmes victimes de violences conjugales, accompagnées par le pôle Personne Isolée d’audacia, de suivre six ateliers, répartis sur deux mois (du 5 avril 2022 au 1er juin 2022).
Un programme évolutif, mis en place il y a deux ans, propice au dialogue et à l’échange, idéal pour créer des liens forts et mieux avancer ensemble.
Leur complicité est palpable. Pourtant, certaines d’entre elles ne se connaissaient pas avant de participer au dispositif Un Temps pour soi, proposé par le pôle Personne Isolée d’audacia. Entre rires et larmes, Sarah, Sylvie et Marie* ont accepté de se confier sur leur expérience, symbole de renouveau.
« On apprend surtout à se resociabiliser parce qu’on était coupé de tout », avoue Sylvie.
Car les femmes qui ont vécu toute cette violence se croient coupables et non victimes. Rongées par la honte de leur histoire, elles ont tendance à s’isoler. Si la parole se libère peu à peu, c’est parce qu’elles se sentent plus fortes les unes avec les autres. « J’ai pu me reconnaître dans certaines de leurs histoires et j’ai pu partager les miennes.
On est un groupe soudé. Ça nous a permis d’avancer », avoue Marie. Une solitude que Sarah a aussi pu rompre grâce au projet : « Je me sens seule parfois dans ma chambre et ça fait du bien de retrouver d’autres personnes. J’étais triste, mais j’ai trouvé plus triste que moi et maintenant on se donne la main pour se soulager les unes et les autres. Depuis que je suis là, je suis plus à l’aise. »
S’occuper de soi
Art thérapie avec Valérie Favre, massage bien-être avec Claire Touchard, maquillage, boxe ou hammam, le planning des ateliers est principalement axé sur le bien-être. Autant de façons de se réapproprier son corps et réapprendre à prendre soin de soi. Un travail pas toujours simple à mener pour les participantes, comme l’a confié Marie : « J’avais beaucoup d’a priori sur le massage parce que je n’aime pas vraiment qu’on me touche. Claire Touchard a su nous donner confiance. On a commencé avec les mains, puis, petit à petit, le visage et le ventre. Elle ne nous a jamais forcées. » Le rapport au miroir est tout aussi complexe. « Le maquillage, c’était atroce pour moi », avoue Sylvie. Ce qui n’empêche pas la bonne humeur de s’imposer comme une composante essentielle de chaque séance. « Quand il y a des ateliers, on rit, on partage. On est là pour leur faire du bien et leur permettre de s’évader. Ça réimpulse l’envie de s’occuper de soi », explique Pascaline Bainvel, conseillère en image et animatrice du projet.
De l’empathie et de la bienveillance
Si chaque femme accompagnée avance à son rythme, les progrès sont bel et bien là. Et l’émotion est tangible dès que les participantes évoquent leur ressenti. « Ce qui est formidable, c’est qu’on puisse nous croire. Je partais du principe que la vie que j’avais était normale, et qu’elle était foutue. Sans audacia, je ne serai plus là », révèle Sylvie pour qui ce programme a donné lieu à une véritable renaissance. Des mots très forts qui font écho chez ses partenaires. « Reconnaissance » pour l’une, « satisfaction totale » pour l’autre. Marie et Sarah sont tout aussi convaincues des bienfaits de ce cycle d’ateliers. « Je remercie toutes les personnes qui ont mis en place le projet parce que c’est très important pour nous. C’est gratifiant. On a fait des belles rencontres. On a appris beaucoup sur nous-mêmes […] Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est qu’il y a énormément de bienveillance, de respect et d’écoute », ajoute Marie. Un dialogue permanent des plus enrichissants, comme l’explique Pascaline Bainvel : « Elles disent qu’on leur donne beaucoup, mais c’est un échange constant. On n’est pas là pour avoir de la pitié pour ces femmes, mais pour avoir de l’empathie et de la bienveillance, de la gentillesse. Choses que certaines n’ont jamais connues ».
