
Le CHRS des Herbeaux, géré par le Pôle Personne Isolée d’audacia, offre un accompagnement complet à chacun de ses résidents. Au sein du dispositif, les personnes volontaires peuvent notamment prendre part au groupe d’échange, encadré par Régis (accompagnateur social) et Loïs (psychologue clinicien).
Cet atelier permet aux participants de s’exprimer en toute liberté, dans un cadre serein. Une façon ludique d’instaurer une synergie communicative pour mieux reprendre confiance en soi et, par-dessus tout, recréer du lien.
Mettre des mots sur ses sentiments, partager ses expériences, donner son opinion sur un sujet précis, exprimer ses joies ou ses moments de doute… Tout est possible pendant le groupe d’échange mis en place au sein du CHRS les Herbeaux, du Pôle Personne Isolée d’audacia. Un moment riche, et parfois salvateur, où les volontaires retrouvent le plaisir de la parole, sans a priori. Car tout ce qui se dit dans le groupe reste dans le groupe.
Des rituels indispensables
Il faut remonter à l’été 2021 pour trouver les origines du groupe de parole. Mais ce n’est que quelques mois plus tard, à l’automne, qu’il a véritablement pris forme. Le CHRS propose deux séances d’1h30 par mois, encadrées par Régis (accompagnateur social) et Loïs (psychologue clinicien), généralement pendant six mois. Chaque séance suit un rituel précis qui donne le rythme des échanges. Pour commencer, chacun partage sa météo de la semaine. Un moyen original de « se reconnecter aux sentiments et de pouvoir les verbaliser », explique Régis. S’ensuit un rappel de la séance précédente. Puis chacun est libre de prendre la parole, à condition de parler en « je », sans se cacher derrière le groupe. « CALER », tel est le terme clé qui donne la ligne de conduite d’une séance réussie. « CALER » pour Confidentialité, Authenticité, Liberté, Ecoute active et Respect de l’autre.
Néanmoins, chaque séance reste avant tout un moment chaleureux, où les participants peuvent amener de la nourriture ou de la boisson. « Symboliquement, c’est l’idée d’apporter une part de soi-même, mais aussi d’amener quelque chose physiquement pour le partager avec les autres », explique Loïs. Enfin, après chaque séance, une synthèse globale est distribuée aux participants. « En mettant tout par écrit, on voit davantage ce qui est ressorti », avoue Régis.
Une grande variété de thèmes abordés
A chaque séance, sa thématique. « On avait essayé d’organiser un groupe sans thème particulier, mais les gens avaient du mal à venir. Ils avaient un peu peur. Après avoir sondé les résidents, le premier thème a été « le poids des choix ». Après, de nouveaux thèmes se dégageaient généralement de séance en séance », détaille Régis. Parmi eux, « la gestion émotionnelle » et « le soin », qui compte à l’heure actuelle comme la thématique la plus appréciée pour la majorité des participants. « Ça tombait bien parce que, dans le groupe, certaines personnes avaient déjà fait du soin. Elles ont donc pu déconstruire certains de ses aspects et conseiller les autres », énonce Régis. « Qu’est-ce que le soin ? Quelles sont ses différentes formes ? Qu’est-ce qui déclenche le besoin de soin ? L’acceptation du soin »… Autant d’interrogations qu’a suscité ce thème essentiel.
Un groupe porteur de sens.
Si les résidents volontaires ne devaient choisir qu’un seul mot pour définir ce groupe d’échange, ce serait le « partage » pour Elodie* et la « convivialité » pour Pierre*. « La convivialité du soin, car c’est un soin amical. » Selon Pierre, ce dispositif, pour l’instant expérimental, devrait être pérennisé. « Cette expérience a toute son importance, autant que les ateliers qui sont proposés ici. C’est un moyen d’inciter les autres, et soi-même, à aborder toutes les possibilités qu’offre le CHRS. Car le plus terrible ici, c’est l’enferment. Les gens ont tendance à s’enfermer comme s’ils étaient en prison alors qu’ils ont plein de possibilités d’ouvertures juste à côté. C’est un grand défi de pouvoir aider ceux qui sont emprisonnés à oser la liberté. »
Des bénéfices notables
Un défi en passe d’être relevé tant les volontaires tirent profit de ce groupe d’échange. « J’ai sans doute été la moins bavarde, mais j’ai énormément écouté et j’ai appris qu’il faut aller de l’avant, avec les soins notamment. Ça m’a beaucoup apporté. Aujourd’hui, c’est plus simple pour moi de verbaliser les choses », avoue Elodie. Un sentiment confirmé par Pierre qui encourage fortement à saisir cette opportunité. « Quand je suis arrivé, j’étais tellement loquace que je me parlais à moi-même J’étais au fond du trou. J’étais dans une démarche de « je n’ai plus rien à perdre », donc j’ai saisi tout ce qu’on m’offrait. Le groupe de parole donne la possibilité de se livrer autrement que lors des entretiens individuels avec Loïs. Ça complète le soin. C’est cet aspect d’échange qui compte. On peut participer à la thérapie, la sienne et celle des autres ».