
Le 16 septembre 2014, nous fêtions les 50 ans de l’association en organisant une table ronde sur la thématique de l’évolution de la société au cours de 5 prochaines années.
Elle réunissait des personnalités fortes d’horizons différents : Georgina Dufoix, femme politique investie notamment dans le secteur social, Michel Chauvière, sociologue et Dominique Hummel, Président du Directoire du Futuroscope.
Le débat fut riche d’enseignements, et parfois surprenant lorsque furent abordés la reconnaissance, l’optimisme ou les technologies du futur.
Nous avions également convié Roger Gil, Professeur émérite de neurologie à l’Université de Poitiers et Directeur de l’Espace de réflexion éthique régional. Il avait la délicate tâche de synthétiser les débats. Il avait brillamment relevé le défi avec l’application méthodique de l’homme de science et une bonne dose d’humour, évoquant notamment l’attitude ambiguë de la société face à la maladie d’Alzheimer. Nous vous livrons ici un extrait de ce discours. Un brin provocateur, il n’en met pas moins en lumière l’antinomie des actions que nous menons en faveur des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Point de vigilance que nous gardons à l’esprit au moment où nous engageons les travaux pour l’Ehpad de Pressac.
« Il y a une autre réflexion. C’est que les progrès de notre société, et là on le voit très bien dans le monde des sciences de la santé, ont généré de l’exclusion. Car que fait une société ? Elle répond par des prestations. Comment répond-t-on à un handicap ? En créant dans une ville des places de parking. Toujours vides, toujours vides !!! Des trottoirs où on ne voit pas les handicapés. Ils sont dans des maisons, bien soignés. Les sujets âgés, on les met dans des Ehpad. Or, ce à quoi nous devons réfléchir et ce à quoi certains réfléchissent, c’est que, on ne résoudra pas la société par des prestations, des exclusions et en parlant du coût. Quand j’entends parler du coût de la maladie d’Alzheimer, je suis transi. Je fait un mauvais rêve. Je me dit, supposons que demain on guérisse la maladie d’Alzheimer, c’est une tragédie sociale et économique pour la France. La maladie d’Alzheimer, elle permet de construire les ehpad, de stimuler la construction. On reçoit sur notre boîte mail des propositions de placements à plusieurs pourcents, j’ignore ce que ça veut dire, m’enfin apparemment c’est très important. Ca suscite tout ça par l’économie du gris, du vieux. Quand j’ai été membre du Conseil d’administration du CHU de Poitiers, Vice-Président, il y a un certain nombre d’années, aux côtés du maire de Poitiers, j’avais constaté que le CHU recevait des héritages de gens humbles et en fouillant dans les armoires, on trouvait 25 millions de centimes. Alors le CHU acceptait, bien sûr, l’héritage.
Aujourd’hui, c’est fini parce que les vieux, on les pompe tout de suite. On leur pique toute leur pension et cette pension on l’injecte dans l’économie. Il faut faire le compte. C’est des centaines de milliers d’emplois qui, demain, seront effondrés si on guérissait la maladie d’Alzheimer. La maladie d’Alzheimer est une richesse pour la société !!! »